Papier Machine numéro 4 « Coin »
NICHE ÉCOLOGIQUE
En ville, près de chez moi, les rues, les avenues et les boulevards surgissent de toutes parts sans crier « gare ». L’espace public est devenu un vrai danger : on démolit et reconstruit à très grande vitesse dans la frénésie de la course au toujours plus vite, plus moche, plus banalisé, plus insipide. Comme il fallait s’y attendre, dans la précipitation et la confusion du renouveau compulsif du parc immobilier, ce fut l’accident. Deux rangées de maisons venant en sens contraire se sont télescopées au carrefour et bang ! … Le coin est sauvagement détruit. Comme les promotions immobilières venaient toutes deux de la droite, bien évidement, il fut impossible de déterminer l’immeuble prioritaire. La police constata. Le pouvoir politique, avec des préoccupations bien plus importantes que les petits coins, regarda ailleurs. Dans les ruines encore fumantes, viennent se pavaner des affiches publicitaires montées sur des panneaux de bois, étalant fièrement leurs slogans mercantiles, ostentatoires et racoleurs. Pour la cité, le préjudice est grave. Quand la pierre angulaire vient à manquer, c’est l’ensemble de l’édifice urbain qui vacille, il y a péril en la demeure. Le temps passe. Entre palissades et murs mitoyens poussent maintenant des herbes folles, des plantes grimpantes et de jeunes arbres. Les buddleias sauvages sont dans leur terrain de prédilection, ils fonctionnent en binôme avec un essaim de papillons virevoltant en tous sens. La vie appelle la vie et les accidents de l’immobilier appellent les accidentés de la vie dans une même déshérence. Un quidam, léger de tout bien personnel, en recherche d’un simple abri trouve le lieu parfaitement à sa convenance et s’y installe pour la nuit … et plus…si affinité.
RECHERCHE DE NOUVELLES NICHES ECOLOGIQUES.
On définit une niche écologique comme un hypervolume où chaque dimension de l’espace représente une ressource (alimentaire, matériaux, spatiale, offre en cachette, substrats ou perchoirs, etc.) ou une condition (température, précipitations, acidité, etc) de l’environnement. La nouvelle niche est souvent réduite à l’espace qu’elle est contrainte d’occuper, du fait des compétitions avec les autres espèces effectivement présentes dans un espace donné. De par la compétition, l’interaction avec d’autres organismes et les phénomènes physiques, la niche se réduit à l’espace le plus approprié. D’après le principe de Gause, deux espèces ne peuvent occuper une même niche écologique durablement. En effet, il en résulte une compétition et les lois de la sélection naturelle tendent à favoriser celle qui est la mieux adaptée à la niche. Des espèces différentes peuvent occuper des niches fonctionnellement identiques mais géographiquement séparées. Deux espèces peuvent occuper un même territoire, mais dans des niches écologiques différentes. Ces dernières y voient toutefois généralement leurs chances de survie diminuées. De nombreuses études ont démontré l’importance de la construction de niche non seulement dans la dynamique de population d’autres espèces, en permettant à celles-ci de vivre dans des environnements physiquement stressants, mais aussi la dynamique de population de l’espèce constructrice elle-même[1]. Quand une population en très grand nombre est repartie sur un territoire restreint cela génère un plus grand risque de conflits. Dans ce cas, les naturalistes observent généralement de la part de la population ayant le plus de difficultés à assurer sa subsistance, une lente mutation vers une nouvelle niche écologique. Celle-ci sera de préférence choisie parmi l’ensemble des niches sous exploitées ou exploitées sans réel bénéfice pour leurs populations. Le gain est alors tangible pour tous : la différenciation des niches permettant d’accueillir la coexistence harmonieuse d’une population plus nombreuse sur un même territoire.
[1] Extrait de l’article « Niche écologique », in Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Niche_écologique